18 juin 2007
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21:00
Il me plaît, mais il apporte les ennuis. Ou peut-être la connaissance. Je l'ignore. Mais il me plaît... Il a l'odeur de la liberté, il domine les autres. Antony ne semble pas satisfait du regard qu'il posait sur moi. Peu m'importe. Je vais le revoir, je le sais. Je le sens. Il est déjà en partie à moi. Il ne sait rien encore, mais il est sur une piste. C'est un chasseur. Pourtant, il ne me fait pas peur. Antony, lui, tremble. Je sens qu'il n'est pas fier de ce qu'il a fait de James. Et je suis certaine qu'Henry le sent aussi... Il va m'aider, oui, il m'apportera les réponses que je cherche. Je vais y veiller...La nuit était tombée sur le cirque. Le spectacle de la soirée s'était déroulé sans emcombre, dans le bruit et les applaudissements. Soria n'avait pu s'empêcher de frissonner en entendant le fouet claquer : mais aujourd'hui, elle n'en sentait pas le souffle cinglant passer à quelques centimètres de sa fourrure. Assise au pied des cages, dans le calme de la nuit, elle laissait le souffle chaud de ses anciens compagnons la bercer. Elle avait bien tenté d'aller dormir dans la petite caravane qu'Antony lui avait prêtée, mais rien à faire. La chaleur du corps de ses compagnons lui manquait de trop. Bien qu'ils fussent parfois obligés de se coller de chaque côté des barreaux de leurs cages, les grands fauves réussissaient toujours à trouver un peu de réconfort entre eux au moment de plonger au pays des rêves. Des rêves de vitesse, de liberté, de plaines sans fin...
Derrière le tas de paille, presque sous les cages, elle manqua de s'endormir. Les voix d'Antony et Filippe la ramenèrent brutalement à la réalité. Les voix, basses, étaient cependant emplies de colère.
- Puisque je te dis que je n'y suis pour rien!! arguait le trapéziste. Faudrait être con pour faire deux fois le coup!
- Tu as bien vu ce que ça rapporte, me dis pas que tu n'y as pas pensé!
- Putain, je te jure sur ma mère!! Je n'y suis pour rien pour la lionne! Si ça se trouve, c'est le mec qui est revenu...
- Quel mec? Urbiccino? Penses-tu, il est trop heureux d'avoir eu le mâle, il s'en tape des lionnes!
Il y eut un silence. Soria, le souffle court, n'osait sortir de sa cachette pour tenter de s'approcher des deux hommes. Un nom éclatait en écho dans sa tête : Urbiccino, Urbiccino... James avait donc été vendu? Elle plongea doucement la main dans la poche arrière de son jean et en tira la petite carte de visite de l'inspecteur Henry Van Herz. Il était temps pour lui de résoudre son enquête!
Se repérer dans une ville était un véritable défi pour elle, mais Soria finit par se faire conduire jusqu'au pied d'un petit immeuble de banlieue, sombre et fatigué. Elle remercia le chauffeur du bus qui lui avait gracieusement indiqué le chemin, et pénétra dans le hall. Il ne lui fallut que quelques minutes pour découvrir derrière quelle porte en bois dormait l'inspecteur : son odorat ne lui faisait pas défaut! Elle gratta à la porte, ignorant complètement la sonnette. Il mit quelques minutes à réaliser que quelqu'un souhaitait entrer chez lui.
Quand il vit Soria à travers le juda, son pouls s'accéléra : que faisait-elle ici? De folles images très érotiques lui traversèrent l'esprit mais il les combattit rapidement : elle n'était certainement pas là pour la bagatelle! Il lui ouvrit, simplement vêtu d'un caleçon violet. Son arme de service était rangée dans un tiroir à deux pas de lui...
- Soria? Que faîtes-vous ici à cette heure?
- Je dois vous parler de James...
- James? Ah oui! Le lion! Parler, ça ne pouvait pas attendre demain? D'autant que vous ne sembliez pas très locace tout à l'heure...
Les yeux de la femme devinrent deux fentes orangées sous la faible lumière de l'escalier. Henry hésita et se reprit :
- Désolé. Je ne voulais pas vraiment dire ça. Je ne suis pas toujours très agréable au réveil... fit-il en s'effaçant pour la laisser pénétrer dans son appartemement.
- Je tâcherai de m'en souvenir... souffla-t-elle en passant devant lui.
Il déglutit et referma la porte.
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