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3 février 2008 7 03 /02 /février /2008 08:47
Mes chers blogonautes,
laissez-moi vous présenter un nouveau personnage
issu d'une rencontre que j'ai volontairement caricaturée..
Très bonne lecture,
et n'oubliez pas de me dire ce que vous en pensez !

Ce matin il pleut. Sur toute la France (ce qui me réjouit intérieurement puisque j’ai de la famille dans le sud qui, pour une fois, ne sera pas plus gâtée que nous ! yek yek yek !), et surtout sur mon quartier.
Non seulement me voici obligée d’emmener les enfants à l’école sous la pluie, à pied car je refuse obstinément de faire comme tous les autres parents et prendre ma voiture pour me rendre à trois cents mètres de chez moi, mais en plus j’ai des courses à faire ensuite…

Les enfants à peine déposés (enfin, jetés entre les gouttes !), me voici partie à l’assaut de mon bureau de poste qui détient honteusement un recommandé contenant deux précieuses places pour le concert de Michel Torr (et gare au premier qui se gausse dans les rangs !!!).
Le seul souci c’est que n’ayant pas plus la mémoire des prénoms que celle des horaires, j’arrive avec 10 minutes d’avance. La porte est encore fermée.
Point positif : je suis la première !
Point négatif : il me faut poireauter sous la pluie en chantant un vieux tube de Bryan Adams pour me donner du courage (ce qui ne doit pas arranger le temps actuel, je le concède, mais comme la météo avait annoncé une journée pourrie, on ne pourra m’accuser de rien !)

D’autres personnes arrivent après moi.
Certaines jettent un regard navré vers la pancarte qui annonce l’ouverture dans seulement cinq minutes, ce qui me rassure un peu sur l’état de ma mémoire : je ne suis donc pas la seule à ne jamais m’en souvenir… !

Puis arrive Ségolène Retard.
J’ai failli ne pas la reconnaître, car cette femme d’affaire (comme l’indique sa carte « pro » de la poste qu’elle brandit dans sa main droite telle une torche enflammée afin d’éloigner de la porte encore close les mécréants que nous sommes) avait ce matin une apparence peu coutumière…

Ségolène Retard, nous la connaissons tous : elle ressemble même parfois un peu à Josiane Goisse, à tel point que je me pose la question d’un lien de parenté entre ces femmes, mais passons… Ségolène est une personne toujours pressée qui aurait pu tenir haut la main le rôle du petit lapin blanc d’Alice aux Pays des Merveilles, si elle avait été de sexe opposé et affublé d’une hypertrophie des oreilles…
Septuagénaire, donc retraitée, madame Retard n’a jamais pu envisager l’arrêt complet de son activité professionnelle, comme le prouve d’ailleurs cette carte « pro » qu’elle détient fièrement. Certes, la professionnelle ce n’est plus elle mais son fils Bernard qui a courageusement repris le flambeau de l’entreprise familiale de fabrication artisanale de bas en laine de lama tissés à la main, mais qu’importe ! La carte, c’est elle qui l’a, car elle fait toutes les petites courses professionnelles de son fils : elle se rend à la poste porter les mandats de paiement pour leurs fournisseurs résidant en Amérique du Sud (et peste contre les tarifs qui ne cessent d’augmenter) ; enregistre les centaines de commandes journalières que l’on lui passe par téléphone (on ne s’imagine pas le nombre de personnes portant des bas en laine de lama !) ; a appris à surfer sur Internet pour s’immiscer dans les forums et spamer à tout vent en affichant un superbe logo « Achetez nos bas en lama ! » ; et surtout veille au grain sur les machines à tisser et vérifie quotidiennement le rendement des 70 personnes qui travaillent dessus…

Que fait son fils alors ? me demanderez-vous sans doute.
Lui, il essaye les nouveaux modèles…
Mais tel n’est pas notre propos…

Vous comprendrez bien de Ségolène Retard est une femme de tête, une décideuse, et qu’elle compte bien utiliser sa carte « pro » afin d’être certaine de passer en premier au guichet, dès l’ouverture de ce satané bureau de fonctionnaires, même si elle est arrivée bien après la demi-douzaine de pélerins qui poireautent bêtement sous la pluie depuis dix minutes.
Mais je vois venir sa manœuvre : elle longe la façade, essayant discrètement de passer entre la baie vitrée et moi pour se camper devant la porte et être la première à bondir à l’intérieur, quitte à laisser sur place ses chaussettes de contention…

Ca, j’ai du mal à supporter…

Je me colle à la façade, lui coupant l’accès à la porte, et dès l'ouverture, m’engage en premier dans mon bureau postal. De ma démarche rapide, je la plante à quelques mètres derrière moi, ses chaussettes de contention ayant eu du mal à suivre… Et je parviens donc en tête à la ligne d’arrivée : le guichet où siège l’habituelle petite dame, parfois un peu bougonne, mais néanmoins sympathique, qui me sert habituellement.

Mais Ségolène est mauvaise perdante…
Elle remonte à ma hauteur et, à bout de souffle, lève bien haut sa carte « pro ». Je m’attends presque à ce qu’elle s’exclame « belote, rebelote, et dix de der ! ».
Mais elle se contente de m’informer :
- Excusez-moi, Madame, mais je suis une professionnelle et cela m’autorise à passer devant vous à ce guichet…
Enquiquineuse professionnelle, ça oui, à n’en pas douter !
Mon regard la fusille sur place tandis que je glisse ma main droite à l’intérieur de mon gros veston noir. Je vois Ségolène hésiter, mais elle pose tout de même sa carte plastifiée devant moi. Là, d’un mouvement rapide, j’attrape la mienne dans ma poche et la pose sur la sienne en m’écriant : « Bataille ! ».
La guichetière pouffe et retient à grand peine son fou rire.
Ségolène ouvre une bouche ébahie et manque d’en perdre son dentier...
Elle bafouille vaguement quelque chose pendant que je signe le reçu de mon recommandé, et je vois bien la guichetière qui tente de ne pas la regarder dans les yeux pour ne pas céder à son hilarité.
Je reprends ma carte « pro » à moi, et, lui souhaitant une bonne journée, sors dignement du bureau postal.

L’histoire aurait pu s’arrêter là.

Mais le destin était espiègle en ce matin froid et pluvieux où, une nouvelle fois oublieuse des horaires d’ouverture de mon cher pharmacien, je poireautais de nouveau une bonne dizaine de minutes devant sa porte close en chantant du Christophe Willem, pour changer…
Heureusement, me voyant ainsi attendre sous la pluie (et sans capuche), mon cher apothicaire a pitié de moi et m’ouvre quelques minutes avant l’heure officielle. Je dois reconnaître que ce n’est pas à la poste qu’ils auraient fait cela !

Je livre ma petite ordonnance qu’il s’empresse de me délivrer.
Quand une voix un peu ronchonne s’élève derrière moi : Ségolène Retard vient de pénétrer dans la boutique !
Je lui jette un rapide regard lui signifiant un clair : « Et là ? T’as une carte « pro » pour la pharmacie ? Si tu veux, on se fait une bataille de carte Vitale !».
Mais elle fait mine de m’ignorer et s’avance en râlant vers l’assistante pharmacienne qui, bien que ne lui ayant encore posé aucune question, récolte un « J’ai mal aux fesses ce matin »…
J’en conclu silencieusement que la famille Retard s’est lancé dans la production de collants mais que la laine de lama, ça gratte certainement…


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commentaires

G
<br /> Alors la, merci !<br /> Je surfais ce matin avant de me mettre au boulot (ben, pour trouver un peu d'inspiration, d'entrain...)<br /> Et la vraiment, je ce que je viens de lire m'a bien fait rire.<br /> Que dire... CONTINUEZ !<br /> <br /> <br />
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K
<br /> Merci à vous pour avoir pris le temps de lire mon petit récit et surtout de m'avoir fait part de votre plaisir à le faire : c'est le moteur de toute mon écriture !<br /> Si vous avez aimé, vous aimerez peut-être un récit un peu plus long ? Vous trouverez mes deux romans en page d'accueil (un roman sentimental "Le roman de Marjolaine", et un plus polar / suspens qui<br /> sort dans un mois "L'arbre de Johanne".<br /> A très bientôt et bonne lecture sur mes pages :)<br /> <br /> <br />
C
très bon, continue !
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K
Merci beaucoup !!A très bientôt ! :D
P
pour le parapluie, Emeraude a raison : pfff, quelle tête en l'air cette Karine. N'empêche, encore trois ou quatre personnages de ce genre et tu tiens ton nouveau bouquin : "le roman des têtes à claques"! hi hi ! biz. Pascal
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K
Hi hi hi !Voui !!Pour le parapluie, je ne réexplique pas : j'ai répondu à Emeraude ;)Pour le bouquin, c'est un filon !!
E
hé hé, j'adore !! surtout le coup de la carte pro dans la poche, je ne l'ai pas vu venir ! :-)<br /> mais sinon, petite suggestion : tu n'as pas pensé à prendre un parapluie ? ;-)
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K
Merci :)J'avoue, les parapluies : je déteste. Je préfère mettre une capuche et hurler sauvagement "Je ne suis pas en suuuucre" !!! Hé héNon, un parapluie n'a que l'avantage de te protéger un peu de la pluie  mais il s'envole au moindre coup de vent, t'empêche de ce fait de donner la main à tes gosses parce lui a besoin qu'on le tienne à deux mains, et puis une fois mouillé on met de la flotte dans toute la maison pour arriver dans le bac à douche où il faut l'ouvrir pour qu'il sèche alors que ça porte malheuuuuur ! hi hi hi